Les salariés sont-ils heureux ?

Les salariés sont-ils heureux ?  Les sondages ne manquent pas qui portent sur le moral des salariés ; les chercheurs qui publient sur le sujet non plus. Font-ils avancer les choses ? Tout permet d’en douter.

 

En 2012, le Cesi demande à Ipsos de réaliser un sondage auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 salariés et de 400 chefs d’entreprise, et en publie les résultats dans son Observatoire Social de l’Entreprise.

Il révèle que 61 % des salariés estiment qu’ils connaîtront une période de chômage au cours de leur carrière, et un sur quatre pense même que cela interviendra dans les deux ans. Si l’on considère qu’ils sont 69 % à avoir le sentiment qu’il leur serait difficile de retrouver un emploi équivalent, on comprendra que l’on est loin de la sérénité que l’on pourrait espérer de la part d’une population proclamée véritable richesse de l’entreprise.

Mal français ? Sans doute un peu (et l’on y reviendra), puisque les salariés de notre pays sont les recordmans de la démotivation en Europe, comme le démontre le baromètre Edenred Ipsos effectué en 2012 à partir d’un échantillon représentatif de 5 500 salariés.

 

Source : Baromètre Edenred Ipsos, 2012.

(Enquête réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 5 500 salariés)

 

Comme le résume parfaitement Jean Pralong, professeur à l’ESC Rouen où il dirige la chaire « nouvelles carrières », les jeunes sont écartelés entre leur propre projet professionnel et la nécessité de faire carrière. Ils ressentent une contradiction entre ce qu’ils souhaitent et ce qu’ils doivent effectivement faire pour progresser, ou même seulement rester, au sein de l’organisation. Le choix d’un emploi semble davantage guidé par un besoin de sécurité – « Je vais là où ça marche » – que par le goût pour un métier ou une fonction. La plupart intègrent les grandes entreprises en pensant : « Je sais que je vais m’y emmerder, je sais qu’on va m’y emmerder, mais j’aurai une belle ligne sur mon CV. »

Est-il normal, dans une société qui depuis son origine cherche à s’organiser pour le mieux-être de ceux qui la composent (sinon, quelle serait sa légitimité ?), que le lieu de travail où ils passent 35 heures par semaine (moins pour les fonctionnaires, trop souvent beaucoup plus pour les autres) soit synonyme de peur et d’ennui ?

 

Si d’un point de vue philosophique, c’est difficilement défendable, d’un point de vue économique, c’est un contresens. On constate en effet que dans les critères de compétitivité d’une entreprise, la capacité à motiver ses salariés vient en tête, et de loin, comme le monte l’étude  Capitalcom/Innov’Acteurs, menée en novembre 2012.

Selon vous quel élément contribue le mieux à la compétitivité de l’entreprise :
1- Sa capacité à motiver ses salariés et à attirer des talents – 40%
2- Sa capacité à innover – 23%
3- Sa capacité à attirer et fidéliser les clients – 17%
4- Sa capacité à s’adapter aux aléas du marché – 16%
5-  Sa capacité à attirer et fidéliser les investisseurs – 4%

 

Source : Étude Capitalcom/Innov’Acteurs, nov. 2012.

(Étude réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 775 salariés)

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